Le « fils de banlieue » qui a réussi dans le monde de la finance estime que ses déboires judiciaires pourraient être téléguidés par des concurrents. Il a d’ailleurs décidé de porter plainte contre des détectives privés
Dans les bureaux de sa compagnie financière, sur la presqu’île à Lyon, Rodolphe Pedro brandit un courrier et enrage : « C’est un organisme international établi en Suisse, un client depuis 1997, qui me signifie qu’il n’a plus confiance. Ca me fait perdre 900 000 euros ! »
Conséquence directe de la médiatisation depuis un an des déboires judiciaires de ce « fils de banlieue » à l’incroyable ascension sociale. Né en Suisse dans une famille modeste, allergique au système scolaire, il a vécu dans une cité à Savigny-le-Temple en région parisienne, puis dans un village du Bugey dans l’Ain. Un entrepreneur dans l’âme, tenaillé par l’envie farouche de réussir tout seul, qui a créé en 1996 la Compagnie française de conseils et d’investissement (CFCI) qui gère un milliard d’euros de patrimoine.
L’homme a réussi dans la vie mais il n’a pas oublié d’où il vient. Parmi sa centaine d’employés, la plupart sont issus des « quartiers », sans diplômes. Et depuis 2006, il milite pour que les gamins des cités, « décrocheurs » du système scolaire, accèdent à une seconde chance en étant formé à son propre métier de placements de produits financiers (voir ci-dessous).
Rodolphe Pedro a tout d’un OVNI dans le monde de la finance où les « indépendants » comme lui ne pèsent que 7 % du marché. Et il estime que ses ennuis judiciaires pourraient venir de concurrents mal intentionnés.
Une information judiciaire avait été ouverte contre lui et son frère Richard en avril 2010 pour la séquestration d’un homme à Pont d’Ain en mai 2007. Une affaire rocambolesque où ce dernier, le frère d’un ami d’enfance de Rodolphe Pedro, se plaignait d’avoir été enlevé en voiture, frappé, et même la cible de tirs. Avant que le juge d’instruction de Bourg-en-Bresse ne se rende compte que le plaignant et son frère devaient 300 000 euros à Rodolphe Pedro, et qu’il ne demande un non-lieu.
Auparavant c’est le GIR (groupement d’intervention régional), des policiers, gendarmes, et agents du fisc, qui avaient épluché les comptes et le fonctionnement de la CFCI suite à une dénonciation sur de prétendus achats d’appartements dans le pays de Gex, avec des prête-noms pour blanchir des fonds. Avant que là aussi la baudruche ne se dégonfle. Des auditions ont eu lieu, des comptes ont été passés au crible, et finalement le GIR a abandonné l’enquête, puisque la CFCI n’encaisse pas l’argent investi par ses clients, mais ne fait que du courtage en assurance et produits financiers et de la transaction immobilière.
Enfin dernière affaire, une accusation d’extorsion de fonds le 28 avril 2009. Après avoir participé à une émission de télévision, Rodolphe Pedro se trouvait avec un ami dans un hôtel de Dijon. L’ami avait fait appel au service de massage et le masseur a accusé ce dernier de vouloir lui extorquer 1 500 euros, tandis que le financier serait intervenu pour faire pression sur lui en disant qu’il « connaissait le préfet ». « C’est complètement absurde, s’insurge son avocate Catherine Levy Allali, ce masseur a déposé plainte une semaine après, et il avait soi-disant 1 500 euros en liquide chez lui ! Rien ne confirme ses dires, et la caméra de l’hôtel était soi-disant en panne. »
Le tribunal correctionnel de Dijon jugera l’affaire en novembre. Mais pour Rodolphe « les choses n’arrivent pas par hasard ». « Lors de ma confrontation avec la prétendue victime de Pont d’Ain, cet homme a avoué au juge d’instruction que deux détectives privés l’encourageaient dans sa plainte. » « Depuis deux ans, ces hommes le dénigrent, envoient de fausses informations, contactent les autorités judiciaires et mettent le feu aux poudres » ajoute M e Lévy. « Nous ne sommes pas dans la paranoïa, il y a une cabale contre lui, et nous allons déposer plainte contre ces deux détectives » annonce l’avocate lyonnaise.
Auteur : F.B.
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